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Ça faisait presque une semaine que Roland, Jipé et Adrien avaient cet allemand paumé sur le dos, qui venait d’arriver à Strasbourg.
Vendredi, après un signalement la maraude était passée avec une seule couverture et une nuit aux remparts.
Chaque jour il disparait en laissant ses affaires derrière lui. Ce qui n’est pas correct car c’est à chacun de garder son barda. D’ailleurs il a immédiatement perdu des couvertures à ne pas y faire attention.
Le gars ne fait aucun effort pour communiquer, pour se débrouiller un peu, il est incapable de survivre dans ces conditions.
Nourrie, logé, habillé par des sans-abri, avouez qu’il faut le faire.
Pourtant il se ballade avec un badge autour du cou, sur lequel est écrit Caritas.
Bref.
Hier soir, rebelote, le voilà qui se pointe, ni bonjour, ni rien, il se met dans son coin.
Je vais le voir, lui demande si il fait au moins le numéro du 115. Jipé me tend son téléphone et je me retrouve à discuter avec une écoutante très sympa.
Elle connaissait déjà le loustic…
Bref.
Une semaine au château d’eau.
Pardon ? Je lui ai demandé de répéter une deuxième fois.
Une semaine au château d’eau.
Il a fallut être derrière lui pour qu’il bouge rapidement car il y avait une heure précise pour arriver. Grâce à Jean-marc qui faisait la traduction en allemand, tout lui est expliqué, le chemin, les délais…
Il refuse de prendre ses couvertures, trop lourd dit il. Le mec qui est immense ne veut rien porter.
Bon sang, une semaine au château d’eau alors que ça fait des mois que Jipé veut y aller. On est là, un peu abasourdis. On regarde Jipé qui accuse le coup.
Et voilà que le mec se pointe, tranquille, pas stressé pour que je lui confirme le chemin.
J’ai souhaité que ses deux couvertures restent là tellement le mec est bizarre.
J’espère qu’il a été au château d’eau.
J’espère ne pas le revoir. Si c’est le cas, ses couvertures seront données et dans une semaine, peut-être devra t-il comprendre que dans la rue on ne lâche pas ses couvertures.
Putain ! Une semaine au château d’eau.